Adélaïde

Le traité de Vinon _ Chapitre 38

"Eliot était assis sur son trône et regarda tous ses pairs face à lui. Il n’osa commencer sans Adélaïde qui se faisait attendre.

La reine arriva quelques minutes plus tard. Elle avait revêtu ses affaires militaires et fit une entrée plutôt martiale. Le ton était donné. La souveraine apprécia peu qu’on s’incruste chez elle pour la faire plier.

Nullement impressionnée par l’assemblée face à elle, Adélaïde demanda :

‒ Que puis-je pour vous ?

Xavier observa un instant la femme. La blonde au regard vert si intelligent avait fait place à une guerrière prête au combat. La souveraine avait tressé ses cheveux, ce qui dégageait sa mâchoire carrée, ses lèvres fines étaient pincées. De sa voix forte, elle reprit :

‒ Alors ? Vous n’êtes pas venu ici pour me reluquer !

Seul l’équipage avait été accepté dans la salle en dehors des hommes et femmes d’États, comme témoins, et la reine en profita pour parler normalement.

Xavier s’avança et relata les faits qui lui étaient reprochés. Contrairement à ce qu’il pensait, la femme se fit attentive et ne le coupa pas. Mais une chose le perturba..."

Justement, vu vos liens, as-tu souffert de la trahison d’Eliot?

Je ne pense pas. Mon égo en a pris un sacré coup, mais au moins, je suis débarrassée de cet énergumène !

Il faut dire que l’on ne sait jamais entendu, que ce soit sur nous, nos enfants, ou la politique à mener. Je savais qu’il convoitait ma place, tout comme je sais qu’il n’a pas les épaules pour me remplacer sur le long terme.

Je suis quand même déçue. 

Passons à présent à ton rôle dans l'intrigue du traité de Vinon.

Je t’écoute.

Bien. C’est bien toi qui as donné l’ordre à Quentin de trouver le traité de Vinon ?

Exact.

Pourquoi l’as-tu obligé à aller le chercher lui-même, on ne peut pas dire que c’est un homme de terrain.

Non, en effet, c’est un vrai rat de bureau ! 😄

Alors pourquoi ? et en plus, sans aide, vu qu'il a dû travailler sur le Pourfendeur.

J’avoue que celle-là, je ne m’y étais pas attendue. 😆 Je lui avais dit de se trouver un navire, car malheureusement, tous les autres étaient, soient pour aider Gatte avec du ravitaillement, soient pour le fonctionnement habituel de Mornille.

Quentin et Suzanne étaient d’accord pour dire qu’il leur fallait plutôt un navire petit qui passe partout, ne sachant réellement ce qu’ils allaient devoir affronter, et je n’en ai pas beaucoup en stock qui répondait à leurs besoins.

À la base, ils devaient suivre la piste et faire de la reconnaissance. Bon, j’ai perdu leur confiance et ils ont cru devoir continuer sans moi, mais ce n’était pas de mon ressort.  Après je comprends leur méfiance à ce moment-là. Mais connaissant Quentin, j’aurais aimé le voir récurer le pont ! 🤣

Parlons de Suzanne, ton rapport avec elle était plutôt tendu, comparé à celui avec Quentin.

C’est normal, Quentin n’a jamais fait les yeux doux à Eliot. Je me méfiais d’elle, autant que d’Eliot.

Il faut dire aussi que Quentin a travaillé pour Mornille avant moi. Il a d’abord été sous les ordres de mes parents. Il m’a aidée au moment de monter sur le trône et en tant que spécialiste des traités, j’avais l’habitude de travailler avec lui. Suzanne était une étrangère pour moi, mais son lien privilégier avec Eliot m’avait mise sur mes gardes. Heureusement, même si ce n’est pas le grand amour, je dois bien reconnaître qu’elle est très compétente.

Te méfiais-tu de Xavier pour les mêmes raisons ?

Oui, pour faire simple, je me suis toujours méfiée d’Eliot et de son entourage, et cela, depuis que j’ai fait sa connaissance alors que nous étions encore adolescents.