Dimitri

Le traité de Vinon _ Chapitre 4

"‒ Euh Olivia ?

‒ Qu’est-ce qu’il y a Dimitri ?

‒ Je me suis fait mal.

‒ Laisse-moi voir ça.

La médecin se tourna vers l’adolescent qui devint livide. Il tenait sa main gauche comme si elle allait tomber. Olivia se précipita en alerte, mais il était trop tard, Dimitri perdit connaissance.

‒ Qu’est-ce qui se passe Olivia ? cria le capitaine.

‒ C’est Dimitri, il s’est fait mal !

‒ Ça a l’air grave !

‒ Non, une égratignure !

‒ Alors pourquoi il est tombé dans les pommes ?

‒ Je crois qu’il ne supporte simplement pas la vue du sang.

‒ Ah !

Le capitaine fut rassuré et comprit pourquoi Dimitri n’était pas allé sur le champ de bataille. Même si les autorités gâchaient beaucoup de vies de soldats, ils n’aimaient pas perdre de la main-d’œuvre, surtout lorsqu’elle était aussi jeune. Au moins, son apparente phobie lui avait sauvé la vie.

‒ Va dans ma cabine pour le soigner, il y a des médicaments et des bandages dans la petite armoire au-dessus de mon bureau. Mais avant réveille Gilles et Noa.

Olivia se précipita pour prévenir les autres. Gilles l’aida à porter l’adolescent dans la cabine du capitaine, il manqua s’assommer quand il passa la porte, puis, après avoir délicatement déposé Dimitri, il prit son poste.

[...]

Elle se décida enfin à aller chercher une petite fiole d’huiles essentielles pour réveiller l’adolescent.

Une fois fait, Dimitri lui demanda, mal à l’aise :

‒ Le capitaine m’a vu ?

‒ Oui.

Le garçon parut embêté. Olivia le réconforta :

‒ Il ne t’a pas pris pour un faible, tout le monde a ses phobies.

‒ Ça m’étonnerait. Les vrais hommes…

‒ En ont aussi, le coupa la médecin. Trouves-tu que Gilles n’est pas un homme ?

‒ Si.

‒ Mais il a le vertige.

‒ Je sais.

‒ Est-ce que tu le méprises pour autant ?

‒ Non, réfléchit son interlocuteur.

‒ Tu vois, il n’y a pas de mal à ça.

‒ Tu as peur de quoi toi ?

On frappa à la porte, Olivia indiqua :

‒ Vous pouvez entrer.

Julie pénétra rapidement dans la cabine, elle demanda à Dimitri :

‒ Que s’est-il passé ?

L’adolescent baissa la tête, honteux :

‒ Je regardais l’horizon et j’ai bêtement fait un pas en avant.

‒ Tu as quoi ? Mais pourquoi ? fut surprise la second.

‒ J’étais si bien, que j’ai oublié que j’étais sur le mât.

Julie leva les yeux au plafond avant de se tourner vers Olivia :

‒ Il peut travailler ?

‒ Oui, mais doucement, et pas dans les hauteurs. Il doit reposer son poignet et éviter tout contact avec l’eau.

‒ Ça va être difficile.

Elle sortit.

‒ Je dois éviter de faire tout ça pendant combien de temps ?

‒ Je ne peux pas te dire, tout dépendra de la vitesse à laquelle tu cicatriseras.

‒ D’accord.

Dimitri se leva, déçu, puis rejoignit le pont."

On va passer à des questions plus sensibles, sache que tu n’es pas obligé d’y répondre.

Je sais.

D’accord, on va donc parler un peu plus précisément de ton rapport avec l’équipage. Pour commencer, peux-tu nous décrire comment cela se passe avec les autres ?

Pas de soucis. 

Le capitaine et Julie me forment à devenir un vrai loup de mer ☺️. En ce moment, c’est un peu compliqué parce qu’on souffre d’un manque de mains-d’œuvre. Je suis toujours en trio avec Noa et Suzanne. J’adore écouter les histoires de Suzanne et Noa m’apprend l’escrime. Je ne suis pas très doué, mais Julie m’a encouragé à le faire pour que je sache me défendre en cas d’attaque.

Je passe du temps avec Gilles, il continue de m’apprendre à lire, à écrire et à compter. Olivia voulait m’apprendre les premiers gestes de secours, mais on a vite arrêté. Je sais faire les principaux gestes mais dès qu’il y a du sang... 😨 Ça a beaucoup fait rire Louis 😄 Comme il est la mémoire du Pourfendeur, je lui pose beaucoup de questions dessus, il adore me raconter des anecdotes, parfois Julie se joint à lui et d’autres elle essaie de le faire taire, ce qui nous fait beaucoup rire.

En plus de tes parents et de la guerre, Rachelle s’en est prise à toi, comment tu arrives à surmonter tout ça ?

Grâce à Gilles surtout. Je préfère ne pas en parler. On a beau me dire que ce n’est pas de ma faute, c’est quand même difficile à vivre. Personne n’aborde le sujet, on essaie de laisser tout cela derrière nous. Pour la guerre, au moins, elle nous a réuni.

Après, pour Rachelle, j’ai encore du mal à comprendre toutes les retombées négatives, mais je ne veux pas lui donner encore de l’importance, sinon je la laisse gagner.

Pour mes parents, je n’avais pas vraiment de comparatif, c’est en voyant l’amour dans les yeux de Gilles quand il parle de ses fils que j’ai appris ce que pouvait être l’amour enfant-parents. Après, je n’ai pas à me plaindre à présent. Tous les membres de l’équipage se montrent ouverts à la discussion dès que j’en ai besoin. J’ai bien plus de soutien que ce dont j’avais rêvé.

Tant mieux. Tu apportes beaucoup de joie aux autres membres de l’équipage, que crois-tu qu'il va se passer à présent ?

Je ne sais pas. En ce moment on a un train de vie plus calme. Le capitaine est content, il a pu réparer complètement le Pourfendeur, même s’il a toujours le même visuel extérieur 😁. On a toujours du mal à trouver de nouveaux membres pour l’équipage. Souvent, ce ne sont que des marins de passage. Parfois, ce sont des personnes qui veulent juste faire une traversée, ils n’y connaissent rien, mais comme ils n’ont pas d’argent, ils passent un accord avec le capitaine. Julie n’aime pas qu'il y ait autant de passage à bord, mais nous n’avons pas vraiment le choix.